Après plus d’un demi-siècle au volant de son taxi à Québec, Fernand « Fusil » Pouliot a effectué son dernier trajet vendredi.
« C’est un pincement au coeur. Ça fait une semaine que j’y pense à tous les jours », raconte le chauffeur qui a eu son permis de taxi en 1964, pour la somme de 10 000 dollars.
Il lui aura fallu trois ans à l’époque pour rembourser son investissement.
Nom de code : Fusil
C’est à la même époque que Fernand Pouliot a hérité de son surnom, « Fusil », qui lui a collé à la peau toute sa carrière.
« Quand j’ai commencé dans le taxi, j’avais le numéro 303 [comme le calibre d’une carabine], puis je passais comme une balle. Ils m’ont appelé Fusil. Ce nom là est resté. »
Chauffeur et contrebandier
Fernand Pouliot a travaillé une vingtaine d’années la nuit. Il se rappelle ce temps où les chauffeurs avaient une façon bien différente d’arrondir leurs fins de mois.
« C’était payant la nuit. Parce que dans ce temps-là, on pouvait aller livrer la boisson. Je ne me suis pas fait pincer, puis les autres non plus. Chez nous j’avais des petits dix onces, j’avais des caisses de bières », admet-il.
Jouer aux cartes en attendant les appels
Avant l’informatisation, les chauffeurs attendaient les appels dans des cabanes.
« On jouait aux cartes et quand arrivait notre tour on s’ôtait de la table de cartes, puis un autre embarquait. Dans ce temps-là, on répondait au téléphone et on prenait nos appels au téléphone. »
À 77 ans, Fernand Pouliot travaillait encore tous les jours de la semaine.
« Le gars qui veut arriver, il faut qu’il soit là 7 jours sur 7. Sans ça, il n’arrive pas. Les trois quarts des chauffeurs sont divorcés. Ç’a été mon cas à moi aussi. »
Après une petite pause pour le diner, Fernand Pouliot a repris la route avant d’aller vendre son permis, vendredi. Son investissement de 10 000 dollars de 1964 lui a rapporté 140 000 dollars en 2018.
Source : ici.radio-canada.ca