Pionnier, il possède le premier taxi Tesla en Amérique

Mieux que quiconque, les chauffeurs de taxi savent à quel point les prix mirobolants de l’essence peuvent faire un trou dans le portefeuille. «Pour nous, l’impact est 10 fois plus important. On est toujours sur la route, ça ronge nos profits», raconte Christian Roy.

En automne dernier, il a donc décidé de se porter acquéreur d’un taxi Tesla, 100% électrique, le premier en Amérique du Nord. «Je connaissais la compagnie, mais je m’étais dit, ce n’est pas achetable. Et soudainement, j’ai lu sur Trond Gustav, un chauffeur de taxi à Oslo qui avait décidé de faire le saut. Il a été le premier au monde», raconte-t-il.

A partir de ce moment, Christian Roy, 41 ans, a lui aussi décidé de se lancer, même si la Tesla n’est pas à la portée de toutes les bourses. Après avoir essuyé un refus d’une banque bien connue, il a finalement obtenu son financement de Fin Taxi et a payé 97 000 $ pour sa Tesla, incluant un crédit d’impôt de 8000 $. Malgré le prix exorbitant, il affirme que le jeu en valait largement la chandelle.

Trois cents le kilomètre

«Pour que ce soit rentable, il faut faire 40 000 kilomètres par année sur 10 ans. Mais moi, j’en fais 60 000 kilomètres étant donné que je suis propriétaire d’un taxi. C’est très attrayant. Lorsque les prix vont baisser, je suis convaincu que plusieurs chauffeurs de taxi vont migrer vers l’électrique», raconte-t-il.

Selon ses calculs, pour faire 15 000 kilomètres, la facture d’électricité a augmenté de 437 $, ce qui équivaut à 3 cents le kilomètre. Comme chauffeur de taxi, il charge environ 2 $ le kilomètre, la mathématique est donc facile à faire.

«C’est totalement ridicule. Même si la voiture coûte plus cher, je n’ai jamais eu autant d’argent dans mes poches. Il n’y a pas d’entretien, pas de problèmes de frein», assure Roy.

Un ombre au tableau selon lui, c’est qu’on ne sait pas comment la Tesla se comporte avec plusieurs centaines de kilomètres dans le compteur. En raison de la nouveauté, aucune d’entre elle n’a encore atteint le cap de 200 000 kilomètres.

Ça prend des bornes !

Mais le plus grand casse-tête pour les propriétaires de voitures électriques demeure l’accès limité aux bornes. Il faut donc être bien organisé, surtout lorsqu’on est chauffeur de taxi. A chaque soir, Christian Roy branche donc sa voiture qui peut se recharger en quatre heures avec une borne de 80 ampères qu’il s’est procuré.

«Avec cela, j’ai une autonomie de 250 à 350 kilomètres, tout dépendant du moment de l’année. Évidemment, on chauffe en hiver, donc c’est énergivore. Donc, je suis capable de faire ma journée sans avoir à me brancher», constate-t-il.

Toutefois, s’il arrive un pépin, il y a peu de bornes actuellement. Celles du circuit électrique déployé par Hydro-Québec n’ont que 30 ampères, ce qui permet de recharger la voiture en… huit heures. Pas tellement pratique lorsqu’on gagne sa vie sur la route.

Christian Roy espère donc que le système de bornes sera plus efficace lors des prochaines années avec un déploiement massif. Et surtout, il faudra des bornes de chargement rapide qui permettent le rechargement en 30 à 40 minutes.

Ambassadeur

En attendant, il est devenu une curiosité à Québec. «Les gens se retournent et disent : Hein ? C’est un taxi Tesla ! Ils sont très curieux, souvent on veut savoir si c’est économique. Je réponds à beaucoup de questions», dit-il

Et il donne plusieurs entrevues depuis des mois. Il publie aussi plusieurs photos sur son Instagram. Lorsqu’on le questionne s’il est devenu un ambassadeur pour les voitures électriques, il rit.

«Ça me fait une fleur, je veux que tout le monde m’imite. Je ne veux pas être le seul. Je donne l’exemple», conclut-il.

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La communauté «Plug Share»

En attendant le déploiement de bornes de recharges, les propriétaires de voitures rechargeables peuvent compter sur un moyen assez efficace pour trouver une borne en cas de pépin.

Il existe notamment une application «plug share» (partage de recharge en bon français) qu’on peut installer sur son téléphone intelligent. Une communauté existe donc sur la toile afin d’aider les détenteurs de voitures électriques.

«De cette façon, si on est pris au dépourvu. On peut toujours trouver un bon samaritain qui peut te recharger», assure Christian Roy.

Lors de notre entrevue, ce dernier était dans la région montréalaise. Après une recherche sur «plug share», il a trouvé 20 bornes dans un rayon de 10 kilomètres. On peut alors téléphoner la personne qui donne gracieusement son électricité aux détenteurs de voitures rechargeables.

«On peut même savoir combien la borne a d’ampères. Donc c’est très pratique et le réseau grossit de plus en plus», constate Christian Roy.

Source : Argent.canoë.ca

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