Taxi: une large coalition propose la location «dynamique» des permis

Forte d’un consensus qu’elle assure «sans précédent», une coalition regroupant en théorie 90% des chauffeurs de taxi veut implanter un registre pour la location «dynamique» des permis.

En pratique, cette banque de données contiendrait les quelque 7000 permis de taxi attribués au Québec. Ceux-ci seraient mis en disponibilité au choix de leur propriétaire et pourraient être loués, à l’heure ou à la journée, à tout chauffeur ou entreprise admissibles, y compris Uber.

Cette mesure est le point saillant des propositions de modernisation de l’industrie soumises par trois grands joueurs, et présentées ce jeudi matin aux médias par Alexandre Taillefer, Guy Chevrette et Kamal Sabbah. Ceux-ci représentaient respectivement Taxelco (Téo Taxi, Diamond et Hochelaga), le Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT) et le Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal (RPTM).

Cette coalition a annoncé du même souffle avoir déposé l’ensemble de ses propositions mercredi au ministre des Transports, Laurent Lessard.

«On a réussi quelque chose qui n’a pas été possible précédemment, soit faire front commun, de ne pas se mettre la tête dans le sable, a déclaré M. Taillefer. C’est une solution qu’on ne peut pas prendre en morceaux, ce n’est pas un buffet chinois. Il s’agit d’une solution complexe à un problème complexe.»

Formation et éthique

Cette coalition propose six grands objectifs afin de moderniser l’industrie, durement ébranlée par l’arrivée d’Uber qui aurait entraîné un effondrement de la valeur des permis des taxis. Ils estiment que le système UberX aurait fait apparaître 2000 chauffeurs de taxi supplémentaires, mettant à mal la gestion de l’offre telle que pratiquée depuis des décennies. Résultat, selon ces intervenants : la valeur des permis est passée de 200 000$ à 80 000$ en moins de trois ans.

Outre la base de données virtuelle des permis, on propose d’améliorer l’expérience des clients, les conditions de travail des chauffeurs, de lutter contre l’évasion fiscale et d’assurer l’équité entre tous les joueurs de l’industrie. «Je suis mauditement fier qu’on se soit assis, ça n’a pas été facile. On est à un point de rupture, a justifié M. Chevrette. C’est avec une coalition forte, respectueuse, solidaire et transparente qu’on va s’en sortir.»

Contestation

Kamal Sabbah estime quant à lui que les solutions proposées par sa coalition sont «viables, à court et moyen termes, et adaptée notre ère technologique». «Hier, c’était Uber, peut-être que demain ce sera la voiture autonome, et après-demain autre chose, on ne sait pas. Aujourd’hui, la balle est entre les mains des décideurs.»

Si Guy Chevrette estime que ces propositions font consensus, elles ne font pas l’unanimité, a-t-il reconnu. Un chauffeur de taxi montréalais s’est d’ailleurs présenté au micro pour dénoncer le peu de consultation qui a entouré leur élaboration. La directrice générale de Taxi Coop Montréal, Sabrina Ohayon, a en outre dénoncé le fait qu’on n’avait informé les autres entreprises qu’hier. «Ces propositions, c’est ce dont M. Taillefer a besoin pour se sortir la tête de l’eau», a-t-elle accusé.

Du côté de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, on a qualifié les propositions de la coalition de «base intéressante».  «Les ajustements proposés comprennent des éléments positifs, a souligné par communiqué son président, Michel Leblanc. Toutefois, d’autres sont trop rigides, comme l’interdiction faite à certains acteurs de desservir les ports et les aéroports. Il reste du travail à faire, mais nous saluons les avancées.»

Source : LaPresse.ca

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