Accueil prudent des chauffeurs de taxi à la politique du maire Coderre

La nouvelle politique sur le taxi est bien accueillie par les chauffeurs, qui entretiennent toutefois des craintes

Les chauffeurs de taxi accueillent avec un mélange de satisfaction et de circonspection la nouvelle politique sur le taxi à Montréal, rendue publique jeudi par l’administration montréalaise.

Le président du regroupement des propriétaires de taxi, Max-Louis Rosalbert, dit que l’industrie ne s’oppose pas au progrès, mais qu’elle attend impatiemment des précisions. « Ils ont parlé de sécurité, de sécurité physique, dit-il. Mais moi, je parlerais aussi de sécurité financière qui est très importante pour nous. Donc, c’est un peu flou encore ».

Même son de cloche du côté d’un chauffeur, Boubakar Hadj : « Questions sociales, nous n’avons rien, à part les propriétaires. Moi je suis chauffeur, je loue le taxi à 400 $ par semaine et je n’arrive pas à vivre. Je n’ai ni assurance, ni chômage, ni rien ».

Du côté de l’opposition, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, ajoute que l’industrie ne bénéficiera des efforts de modernisation que s’ils s’inscrivent dans une politique urbaine globale.

La sécurité d’abord

Le maire de Montréal considère que l’enjeu de la sécurité des chauffeurs est « sa » priorité. « On est en retard. C’était pour hier », dit-il.

La question de la sécurité est donc soulevée dans la nouvelle politique sur le taxi, qui reprend une mesure annoncée le 30 juin dernier en réaction à l’assassinat du chauffeur Ziad Bouzid, en novembre 2013. La Ville de Montréal s’engage à installer des caméras de surveillance dans tous les taxis, à permettre la géolocalisation et à « rendre obligatoire la possibilité de payer par voie électronique dans tous les taxis ». Ainsi, les chauffeurs de taxi transporteraient moins d’argent comptant sur eux.

Être de son siècle

Cette question de paiement est importante pour Dominique Roy, président de Taxi Diamond. « On est au 21e siècle, dit-il, il n’est pas normal que des voitures taxis ne soient munies que de machines manuelles pour les cartes ou qu’on demande au client d’aller au guichet automatique pour régler sa course. »

Dans l’optique de faciliter l’autofinancement de l’industrie, la Ville suggère aussi que des écrans interactifs soient installés dans les véhicules. Ces écrans serviraient à diffuser de la publicité et des informations sur l’offre culturelle et touristique du moment.

Dominique Roy, président de Taxi Diamond, voit d’un bon oeil une autre mesure envisagée dans la nouvelle politique sur le taxi : la perspective qu’on uniformise les voitures taxis en achetant, par exemple, les mêmes véhicules. « C’est une solution vivable. Ça aiderait aux réparations, puisqu’on aurait tous besoin des mêmes pièces. Mais, comment on arrive à ça? C’est une autre histoire. »

M. Roy affirme par ailleurs que la possibilité d’acheter des voitures hybrides est « la meilleure idée de tout le projet ». Cependant, il pourrait être difficile pour les chauffeurs de taxi d’acheter ladite voiture hybride. Aussi le président de Taxi Diamond suggère d’explorer des mesures qui rendraient accessible un tel achat. « Il faut faciliter l’acquisition au niveau de la mise de fonds », car c’est souvent ce qui fait défaut, dit-il.

« Un taxi, c’est pas une cuisine » – le maire de Montréal Denis Coderre

Dominique Roy de Taxi Diamond reconnaît que la propreté douteuse de certaines voitures taxis « est la faiblesse de l’industrie ». Il affirme que la volonté d’accueillir le client dans un véhicule propre a toujours existé, mais qu’il s’agit d’un principe difficile à appliquer, considérant que les voitures sont sur la route 24 heures sur 24.

La Ville cherche également à améliorer le service à la clientèle des taxis. Pour ce faire, la politique mise sur une amélioration de la formation des chauffeurs, tant pour assurer leur sécurité que pour améliorer le service auprès des aînés et des personnes à mobilité réduite.

De par l’importance de leur rôle auprès des touristes, les chauffeurs contribuent au rayonnement de Montréal. La Ville s’engage ainsi à bonifier le rôle de « chauffeur ambassadeur », notamment en vue du 375e anniversaire de la métropole, qui sera célébré en 2017.

Pour ce qui est de l’application de cette politique, les clients qui empruntent les taxis ne constateront pas de changements avant l’année prochaine.

Avec les informations de Caroline Arbour

Source : Radio-Canada

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