Car2Go, les taxis et le « cronyism » municipal!

On apprenait récemment que la compagnie Car2Go, qui offre déjà des services de location de voitures dans le coin de HEC Montréal ou j’enseigne, avait finalement réussi à obtenir la possibilité d’opérer dans le quartier de Verdun. Mon collègue Ianik en a d’ailleurs parlé hier. Car2Go est une initiative qui vise à créer un bassin d’automobiles pour des individus qui préféreraient ne pas acquérir leur propre voiture, mais qui ont quand même occasionnellement besoin d’une voiture pour se déplacer. En échange d’un frais d’adhésion pour devenir membre, un individu peut librement utiliser une voiture dans son quartier pour se déplacer à une fraction infime de ce qu’il en coûte pour utiliser un taxi. Le seul hic, c’est que Car2Go doit pouvoir obtenir l’autorisation de la ville pour acquérir des « permis universels de stationnement ». Alors que certains arrondissements acceptent, plusieurs s’y refusent.

Comprenons-nous bien, Car2Go ne demande pas de subventions ou d’aide gouvernementale pour restreindre la concurrence. Tout ce qui est demandé, c’est le droit de payer plusieurs milliers de dollars pour acquérir une vignette de stationnement. Trouvez-vous cela abusif? Pas moi!

Le problème, c’est que l’industrie du taxi milite discrètement contre l’expansion de ce projet tout comme elle se plaint des services de navette entre le centre-ville et l’aéroport Trudeau, des Bixi et des nouvelles technologies comme Uber qui nous permet d’éviter d’appeler le service de « Taxi Diamond » pour obtenir un taxi, rendant ainsi les chauffeurs plus indépendants. Je comprends les chauffeurs de taxi de militer contre ces nouvelles technologies et ces nouveaux concurrents.

Depuis 1973, le gouvernement du Québec force les chauffeurs de taxi à acheter un permis de propriétaire de taxi (ou à le louer d’un propriétaire) afin de pouvoir offrir un tel service. Un chauffeur de taxi doit donc acheter le droit d’exercer son métier. Le problème, c’est que le gouvernement a laissé la demande pour les services de taxi augmenter plus rapidement que l’offre de service. Ceci a fait augmenter dramatiquement le prix d’une licence au point tel qu’il faut plus de 200,000$ à Montréal pour acquérir ledit permis. Imaginez un pauvre chauffeur de taxi qui doit acheter un tel permis en empruntant à la banque et ainsi payer des sommes phénoménales en intérêts! Si on augmente la concurrence, il aura moins de clients, mais toujours la même facture provenant de la banque. Il est normal qu’il préfère combattre les nouvelles formes de concurrence puisqu’il est coincé dans un système réglementaire qui le force à adopter un tel comportement. C’est à cause de ce système d’incitations perverties que le maire Coderre et ses prédécesseurs se sont laissé convaincre par l’industrie du taxi qui dénonce avec virulence toute forme de concurrence. Et c’est ici que la classe politique est à blâmer!

Mais c’est la communauté qui paie le coût de ce système : des temps d’attente plus élevés, des prix plus élevés et les entraves mises dans le chemin d’alternatives comme Car2Go et les lignes d’autobus entre l’aéroport et le centre-ville. D’ailleurs, il y a déjà eu une réduction de la fréquence des voyages d’autobus entre l’aéroport et le centre-ville.

Il est impossible d’ouvrir la porte à davantage de concurrence dans les transports à Montréal sans compenser les chauffeurs de taxi. Après tout, on les a forcés à acquérir un permis pour plusieurs dizaines de milliers de dollars. Permettre la concurrence à tout crin leur ferait terriblement mal. Alors pourquoi ne pas faire preuve de pédagogie et proposer aux chauffeurs de taxi de racheter leur permis de propriétaires à la valeur du marché tout en éliminant les barrières aux autres formes de transport tels que Car2Go. Les chauffeurs de taxi sortiraient du cercle vicieux qu’impose le système actuel; les consommateurs verraient le niveau et la diversité de l’offre de service de transport augmenter et les prix diminueront très probablement.

Mais bon, j’oublie que la classe politique est bien meilleure pour la démagogie que la pédagogie…

Source : JournaldeMontréal.com

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