Chauffeurs de taxi en danger?

Attaque armée, fuite, agressivité, les chauffeurs de taxi vivent parfois un quotidien difficile, particulièrement la nuit. Ces travailleurs autonomes se mobilisent pour améliorer leur sécurité. Durant le prochain mois, ils présenteront un mémoire sur le sujet lors d’une consultation publique.

Le meurtre du chauffeur Ziad Bouzid, atteint de projectiles en novembre dernier, a énormément ébranlé la communauté de taxi. Le maire Denis Coderre a mandaté le Bureau du taxi de Montréal pour tenir une commission sur la sécurité du service de transport des taxis.

«Un mort est un mort de trop, souligne Aref Salem, président du conseil d’administration. Pour l’instant, les caméras vidéo sont interdites. On souhaite une modification, en définissant comment encadrer son usage. Une caméra peut certainement empêcher des agressions, tout en fournissant des pièces à conviction pour une enquête.»

En plus des caméras vidéo, le Bureau du taxi souhaite imposer aux chauffeurs le GPS, le bouton d’urgence et le paiement par machine Interac afin de diminuer les risques d’agressions.

Travailler la nuit, c’est la jungle

Le niveau de sécurité est préoccupant pour les chauffeurs du Sud-Ouest qui considèrent le coin dangereux. Razik travaille de nuit depuis quatre ans. Selon le chauffeur posté au métro Angrignon, l’heure du crime débute à minuit. «C’est un métier risqué. Il y a ceux qui ne veulent pas payer et qui s’enfuient, il y a d’autres qui veulent de l’argent ou ceux qui veulent juste être agressifs pour se défouler. Les plus dangereux sont ceux qui planifient leur coup. Les caméras vont décourager beaucoup de monde.» Un avis que ne partage pas Léonard Lapierre, chauffeur de 75 ans. «Les caméras ça ne donnent rien. Si un gars ne veut pas payer, il sort et part. La police va arriver 30 minutes après.» Selon lui, les situations dangereuses se font rares aujourd’hui. Il y a 10 ans, cela pouvait survenir plusieurs fois par semaine.

Razik a déjà été attaqué à deux reprises par armes blanches. Heureusement, il a eu plus de peur que de mal. Il est particulièrement vigilant durant la fin du mois, où certaines personnes manquent d’argent. L’homme se fie à son instinct et observe beaucoup les clients. «En général, ça se passe dans le Sud-Ouest. On n’appelle pas ça Pointe-Saint-Charles, mais la pointe à crack!»

Posté la nuit au métro Monk, Nadir Mihoubi est aussi inspecteur de taxi. «Le danger est très élevé, le taxi la nuit, c’est la jungle! Il faut faire quelque chose pour prévenir les agressions. On en voit de toutes les couleurs. On ne peut jamais prévoir, particulièrement avec la drogue», explique celui qui s’est déjà fait pointer une arme à feu sur lui.

Non à la vitre de séparation

Les trois chauffeurs ne veulent pas d’une vitre de séparation qui nuirait à la relation avec le client. D’ailleurs, le Bureau du taxi a démontré par une étude de quatre villes américaines utilisant la vitre de protection que des homicides ont quand même lieu.

La consultation publique se tient jusqu’au 16 mai. Le dépôt des recommandations se fera en juin. Le Bureau du taxi espère un changement à la réglementation en août. Il propose de payer l’installation des caméras par l’intégration de la publicité à l’intérieur du véhicule, suivant le modèle de la STM.

Selon les chiffres du Bureau du taxi de Montréal: Seulement 32% des chauffeurs jugent leur travail sécuritaire la nuit 75% des vols qualifiés surviennent la nuit 180 chauffeurs de taxi sont victimes de vol qualifié chaque année Un vol qualifié surviendrait sur 150 000 courses Les refus de payer surviennent quelques fois par année Les méfaits sont rarement signalés à la police

Source : La Voix Pop

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