En 50 ans de taxi, M. Leclaire a vu Montréal se transformer

Fidèle à sa tradition de parler davantage au vrai monde qu’aux élites, Le Journal de Montréal s’est dit que s’il y en a un qui peut dire à quel point Montréal a changé en 50 ans, c’est bien Émile Leclaire, qui fait du taxi dans la métropole depuis un demi-siècle maintenant.

M. Leclaire, qui aura bientôt 70 ans, lit d’ailleurs son Journal de Montréal depuis les tout débuts.

«C’est mon habitude, dit-il. Quand je commence à travailler, je vais chercher mon Journal à la station d’essence. Je fais mon plein et je prends quelques minutes pour m’informer.»

Il a commencé sa carrière au volant d’une Plymouth Fury III quelques mois avant la naissance du Journal de Montréal, à l’âge de 21 ans.

Il a vu la ville se diversifier, changer de couleur. «Il y a plus de diversité culturelle maintenant, dit-il. Mais c’est pour le mieux. On apprend les uns des autres.»

Pas de retraite

Au volant de sa Hyundai Santa Fe toute neuve, il accélère prudemment, rue Sherbrooke, en direction du centre-ville où il commencera sa journée en milieu d’après-midi. Il ne rentrera chez lui, à Saint-Amable, que vers quatre ou cinq heures du matin. Une routine qu’il répète quatre fois par semaine.

La retraite? «Pour quoi faire? Je vais m’ennuyer, moi. Et puis, où est-ce que je vais rencontrer des gens aussi intéressants autrement?

«Pour moi, poursuit-il, c’est le plus beau métier du monde. Je suis mon propre patron. Quand les gens me parlent, je peux m’arrêter cinq minutes pour jaser avec eux. On parle de politique. Ensuite, on se serre la main. Ce sont de vrais échanges.»

Il exhibe fièrement une liste des personnages célèbres qu’il a transportés au hasard de ses trajets: Marie-Mai, René Lévesque, Bernard Landry, Mitsou, pour ne citer que ceux-là. Il se souvient exactement de l’endroit où il les a fait monter et de celui où il les a déposés.

«Marie-Mai venait tout juste de gagner son concours de chant. C’était à ses tout débuts. J’ai tout ça dans ma tête», dit-il en riant.

Conduire de nuit

Émile Leclaire a presque toujours travaillé de nuit, par choix.

«Je ne pourrais pas travailler de jour. Il y a trop de trafic, trop de restrictions, pas de stationnements. Et puis les gens sont moins stressés la nuit. Ils sortent, ils sont joyeux.»

Mais il se montre tout de même plus prudent sur la route. Le conducteur a survécu à un accident dans sa jeunesse qui lui a valu une opération au dos et plusieurs mois d’arrêt, au tout début de sa carrière. Depuis, il ne prend pas de risques.

Source : Journal de Montréal

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