Grève à la Société des traversiers du Québec: la légitimité du vote de grève remise en cause

Les milliers d’usagers de la traverse Québec-Lévis doivent changer leurs habitudes mardi matin pour se rendre d’un côté ou l’autre de la rive, alors qu’est déclenchée depuis minuit la grève générale illimitée des quelque 150 officiers mécaniciens et de navigation, dont certains remettent en doute la légitimité.

Selon des informations rapportées par Le Soleil, des employés accrédités au syndicat – section locale 9599 des Métallos, disent avoir été «forcés» au débrayage, puisque le syndicat n’aurait pas convoqué ses membres spécifiquement pour un vote de grève. D’après l’avis de convocation de l’assemblée, tenue le 18 juin dernier, il aurait plutôt été question «d’une résolution d’appui pour le comité de négociation» lors de cette rencontre, rapporte Le Soleil.

Le vétéran mécanicien Bruno Dufour a été le seul à vouloir se confier publiquement au quotidien au nom de ses collègues. Selon lui, «il n’y avait pas quorum» lors de ladite assemblée, à laquelle seulement cinq employés auraient pris part. Dufour a effleuré au passage le faible «manque de confiance» des travailleurs envers le syndicat pour expliquer le maigre taux de participation.

Joint par Le Soleil, le président de la section locale 9599, Bruno Gagnon, n’a pas voulu se prononcer outre sur le nombre de participants au vote de grève. Il a notamment affirmé qu’«en vertu des statuts des Métallos, ça n’existe pas des quorums, dans les assemblées. Ceux qui sont là votent.»

Pour Gordon Ringuette, représentant du syndicat des Métallos, l’avis de cet employé ne représente pas la tendance qui prévaut pour les employés des cinq traverses membres du syndicat. «C’est un dissident qui parle. S’en est un qui n’a pas assisté à l’assemblée et il n’est pas content, a-t-il lancé, sans pouvoir non plus confirmer le nombre de personnes présentes au vote de grève à Québec seulement.

Le représentant syndical contredit également les déclarations voulant qu’il y ait un manque de confiance entre les officiers mécaniciens et leur syndicat. «Ça va bien, a répondu Ringuette à ce sujet. Si on reprenait le vote de grève demain, on aurait le même résultat».

Négos au point mort

Le Syndicat des Métallos a décidé de mettre en application son mandat de grève alors que les négociations pour le renouvellement de la convention collective des officiers mécaniciens et de navigation, entamées l’hiver dernier, sont au point mort.

«C’est pas vraiment des négociations, lâche M. Ringuette. On considère que l’employeur n’est pas respectueux du tout, c’est de l’arrogance qui frôle le mépris», soutient celui qui espère que la grève forcera rapidement les deux parties à reprendre les pourparlers.

«Jusqu’à maintenant, toutes nos demandes ont été balayées du revers de la main», déplore-t-il.

Taxis et autobus

En l’absence du service de traversiers dès mardi, la clientèle pourra notamment se tourner vers les services de transport en commun du Réseau de transport de la capitale (RTC) et de la Société de transport de Lévis.

Cette dernière invite notamment les usagers à emprunter le Lévisien 2, qui offre des départs de la gare fluviale de Lévis en direction de l’Université Laval aux 10 minutes en période de pointe, aux 15 minutes en journée et aux 20 minutes en soirée.

Le parcours Express Lévis centre – Québec centre-ville (ELQ) qui circule en semaine sur le boulevard Guillaume-Couture en direction de l’intersection Saint-Paul Est/Abraham-Martin dans la basse-ville de Québec peut aussi venir à la rescousse des usagers de la traverse.

Les taxis ont également choisi de profiter de l’occasion pour mousser leurs services : dès mardi matin, davantage de véhicules seront présents près des gares fluviales afin que les clients «partagent» un taxi, a annoncé lundi le Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec (RITQ).

«Nous proposons aux usagers de simplement se présenter sur place, monter dans un taxi et lorsqu’il sera plein, le chauffeur prendra la route, a soutenu par voie de communiqué Hicham Berouel, président de Taxi Lévis 4000. Ce sera une façon simple et efficace de fonctionner, au moins pour les premiers jours.»

Si la grève devait se poursuivre, le RITQ n’écarte pas la possibilité d’offrir un tarif fixe aux clients qui seront quatre à bord d’un taxi, mais il doit d’abord s’entendre sur une telle mesure avec le ministère des Transports, explique-t-on.

Autres traversiers

Pour les autres traversiers touchés par la grève, le service sera limité. Pour L’Isle-aux-Coudres/Saint-Joseph-de-la-Rive, les traversées seront effectuées entre 6 h et 9 h, entre 15 h et 19 h, ainsi qu’entre 22 h et 23 h. Le personnel sera disponible pour effectuer des traversées d’urgence au besoin. Pour Matane/Baie-Comeau/Godbout, une traversée sera effectuée à 8 h de Matane vers Baie-Comeau ou Godbout, et à 11 h de Baie-Comeau ou Godbout vers Matane, les lundis, mercredis, vendredis et dimanches.

Enfin, pour Tadoussac/Baie-Sainte-Catherine, il y aura des traversées du lundi au vendredi entre minuit et 5 h, toutes les deux heures (trois allers-retours). Entre 6 h et 7 h 30 ainsi qu’entre 18 h et 23 h 30, des départs auront lieu toutes les heures (deux allers-retours le matin et six le soir).

La fin de semaine, entre minuit et 5 h, les départs se feront toutes les deux heures (trois allers-retours). Entre 6 h et 9 h 30 ainsi qu’entre 17 h et 23 h 30, il y aura des départs toutes les heures (quatre allers-retours le matin et sept le soir); de 10 h 20 à 16 h 40, il y aura des départs toutes les 40 minutes (10 allers-retours).

Avec la Collaboration de Sophie Côté

Source : Journal de Québec

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