Industrie du taxi: des mesures qui ne font pas l’unanimité

MONTRÉAL – La nouvelle politique de la Ville de Montréal sur l’industrie du taxi est loin de faire l’unanimité chez les chauffeurs, alors que plusieurs exigent qu’on aille plus loin que des caméras, sans qu’on leur refile la facture.

«Si quelqu’un entre dans mon taxi avec un chapeau et cache ses yeux, est-ce que j’ai le droit de lui demander d’ôter sa casquette? Si je dis quelque chose, le client va me répondre : « Qui es-tu, un policier? »», a indiqué au journal 24 Heures un chauffeur de taxi, sous le couvert de l’anonymat.

«Les chauffeurs de taxi se doivent d’offrir un excellent service aux clients, et le gouvernement se doit de nous offrir les moyens de le faire», a rajouté son collègue Bobby Dutt.

Les deux hommes ont soutenu qu’une vitre qui sépare les passagers du chauffeur préviendrait beaucoup plus d’incidents que des caméras.

Jeudi, le maire a annoncé les grandes lignes de sa politique qui sera mise en place au cours des prochaines années. Elle obligera notamment les chauffeurs à installer des caméras dans leurs voitures et de moderniser leurs équipements avec des méthodes de paiement électronique et des écrans.

La Ville s’attend à ce que l’implantation de ces mesures soit autofinancée par les propriétaires de taxi.

«Je ne cherche pas l’unanimité, je cherche à ce que ça fonctionne», a indiqué Denis Coderre en conférence de presse.

Manque d’écoute

Malgré une consultation publique et des rencontres entre les élus et des représentants de l’industrie du taxi, plusieurs chauffeurs déplorent un «manque d’écoute» de la part de la Ville.

«Je trouve qu’on ne consulte pas les chauffeurs et les propriétaires. C’est comme si la Ville prend les décisions, et nous, on doit appliquer, a déclaré le chauffeur Fred Destiloble. Mon problème est qu’on impose sans donner de choix.»

«Malheureusement, les décisions prises après la consultation publique étaient des photocopies des propositions du Bureau de taxi, s’est insurgé Hassan Kattoua. Moi, ainsi que le Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal (RPTM), avons déposé un mémoire aussi et je pense qu’on ne nous a pas écoutés.»

Le responsable des transports au comité exécutif de la Ville croit plutôt que la Ville a tout fait en son pouvoir pour recueillir les opinions des gens du domaine.

«On a été le plus loin possible dans l’implication de toute l’industrie lors des consultations, s’est défendu Aref Salem. Je ne pense pas qu’on ait pu en faire plus, à moins d’essayer de parler à tous les chauffeurs de l’île, un par un.»

Sécurité financière

Avant de se pencher sur une image unie pour les taxis ou de forcer les chauffeurs à se procurer un certain véhicule, la Ville devrait aider les chauffeurs à trouver de meilleures sources de revenus, ont indiqué plusieurs intervenants.

«Toutes les mesures qui seront prises peuvent améliorer certaines choses, mais ce n’est pas assez pour nous garantir un salaire décent», a réagi le président du Regroupement des chauffeurs et des taxis de Montréal, Max-Louis Rosalbert.

«Nous ne sommes pas contre les changements qu’ils veulent faire, mais nous n’avons pas les moyens financiers pour les mettre en place», a-t-il conclu.

Source : Canoe

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