Joyeux bordel de circulation sur Dalhousie

(Québec) Hôteliers, automobilistes, chauffeurs d’autobus, chauffeurs de taxi, piétons, et même certains cyclistes. La nouvelle configuration de la rue Dalhousie, depuis l’ouverture de la place des Canotiers, crée un joyeux bordel et fait presque l’unanimité contre elle.

Le secteur qui sème le plus la confusion est situé entre la rue Saint-Antoine et la rue Quai Saint-André. La piste cyclable autrefois séparée de la rue par le trottoir y est remplacée par une bande cyclable balisée par des chevrons sur la chaussée… où on retrouvait autrefois une voie réservée pour les taxis et les autobus.

Dès l’arrivée du Soleil vendredi, les difficultés dans le partage de la route ont été clairement démontrées dans ce secteur où un passage piétonnier, un feu de circulation et l’entrée d’un stationnement sont situés à quelques mètres l’un de l’autre sur la rue Dalhousie, où circulent vélos et voitures.

Accident évité

«Tab…», a laissé échapper un cycliste qui s’est arrêté brusquement avec sa compagne devant le passage pour piétons où une jeune femme s’apprêtait à traverser. «Vous n’avez pas remarqué que c’est un passage pour piétons?» a lancé la femme, faisant la morale aux cyclistes qui avaient failli la renverser.

«C’est toujours comme ça… et c’est pire en après-midi!», déclare pour sa part Oscar, employé de l’auberge Le Saint-Pierre, constatant les difficultés à partager la route dans ce secteur très achalandé.

«Souvent, les vélos n’arrêtent pas à la lumière et viennent près de renverser des piétons… et il y a des piétons qui ne regardent pas avant de traverser également. Et avec l’entrée du stationnement tout près, les automobiles doivent tourner à droite et croiser la bande cyclable pour y accéder. Ça crée un autre danger pour les cyclistes qui arrivent et les piétons», poursuit Oscar.

Pour couronner le tout, les camions de livraison, les véhicules de la Ville de Québec et ceux qui effectuent le nettoyage des fenêtres des bâtiments doivent souvent se résigner à se stationner… sur le trottoir, forçant les piétons à marcher sur la bande cyclable, ou dans la bande cyclable, ramenant les cyclistes sur le trottoir!

Voie réservée perdue

Danny, chauffeur de taxi, peste pour sa part contre la perte de la voie réservée dont lui, ses collègues, et les autobus, bénéficiaient dans le secteur avant l’inauguration de la place des Canotiers.

«C’est l’enfer! On perd une voie, ça retarde tout le monde. C’est toujours engorgé ici maintenant! Écoute, ils en parlent à la radio au moment où je te parle. Ce n’est pas agréable pour personne», a déclaré Danny au Soleil.

Tout en souhaitant garder profil bas, les chauffeurs d’autobus du Réseau de transport de la Capitale (RTC) pensent la même chose que Danny. «On n’aime vraiment pas ça, ça nous retarde sans la voie réservée», affirmera une chauffeuse qui préfère garder l’anonymat. Un collègue ajoutera que des passagers se plaignent de retards.

Sylvie Lauzon, une utilisatrice du RTC, confirme. «Depuis la mise en place de la voie cyclable dans la rue, les autobus 1 et 11 ne réussissent pas à passer à certaines heures de la journée […] Les chauffeurs sont découragés, aucun respect de l’horaire n’est possible», déplore dans un courrier électronique envoyé au Soleil celle qui circule également dans le secteur à pied et à vélo.

Pas de vélo dans le port

Et si les cyclistes décident de passer par derrière, sur les terrains du port de Québec, pour éviter le secteur? Oubliez ça. Des agents de sécurité ont été embauchés pour dire aux cyclistes de descendre de leurs vélos et marcher à côté de leur monture sur les terrains du port… pour éviter des collisions avec les touristes qui sortent des bateaux de croisière.

«C’est dommage qu’on ne puisse plus passer par en arrière, mais en même temps, il y a une question de partage de la route aussi. On n’a pas le choix, il faut être tolérants. Les gens à Québec sont de plus en plus courtois, mais il y a encore de l’amélioration à faire», affirment Pierre et Johanne, deux cyclistes habitués du secteur.

Marie-Sylvie, elle aussi cycliste, est pour sa part enchantée de la configuration des lieux, même si elle concède que des améliorations mineures pourraient être faites. «Je viens de manquer le tournant pour l’autre portion de la piste… mais à part ça, non, je ne trouve pas ça dangereux. C’est bien balisé.»

Source : Le Soleil

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