L’accusé veut continuer à conduire son taxi en attendant son procès

Un chauffeur de taxi accusé d’agression sexuelle sur deux clientes déficientes intellectuelles veut continuer à conduire son taxi en attendant son procès, en plus de réclamer 55 000 $ à la SAAQ qui lui a retiré son permis.

«Vous me condamnez avant même que le tribunal se prononce, et les conséquences sont désastreuses», s’était plaint Mondher Tebourbi à la SAAQ lorsqu’il avait perdu son permis professionnel en février dernier.

C’est que la société d’État estime que le chauffeur de 65 ans spécialisé dans le transport adapté ne mérite pas son permis puisqu’il est accusé d’agression sexuelle sur deux clientes. Les faits seraient survenus dans son véhicule en 2008 et 2013.

Or, Tebourbi croit que la SAAQ ne peut pas suspendre son permis puisqu’il est accusé et non coupable. Selon lui, ce serait à la Commission des transports du Québec de faire enquête, ce qui lui permettrait de se défendre.

«La SAAQ a exercé une juridiction qui n’est pas la sienne», soutient Tebourbi dans une poursuite civile de 55 000 $ déposée cette semaine en Cour supérieure.

Déficientes

Lors de l’enquête préliminaire au palais de justice de Montréal, les deux victimes avaient affirmé avoir subi des attouchements de la part du chauffeur de taxi.

L’une aurait subi des attouchements par-dessus les vêtements, l’autre par-dessous.

«Elle a un âge mental qui fait en sorte qu’elle ne peut même pas dire sa date de naissance», avait expliqué Me Rachelle Pitre au juge Denis Mondor qui avait cité l’accusé à procès.

Me Rachelle Pitre, Procureure de la Couronne

PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, CHANTAL POIRIER
Me Rachelle Pitre, Procureure de la Couronne

Fait à noter, l’accusé avait erronément assuré à la SAAQ un mois plus tôt que son avocat Me Rodolphe Bourgeois l’avait informé que la Couronne allait laisser tomber un chef d’accusation, «faute de preuve tangible».

Bon chauffeur

Le chauffeur de taxi, qui affirme avoir perdu 32 000 $ de revenus à cause de ces déboires judiciaires, clame pour sa part son innocence.

Qualifiant de «fantasme» la version d’une des plaignantes, il n’a pas manqué de souligner en entrevue téléphonique au Journal avoir été un employé modèle pendant 25 ans.

Dans une lettre datée de 2013, le Centre de transport adapté et Taxi Coop de l’Ouest avaient souligné que Tebbouri faisait «par (ses) petits gestes d’attention une différence dans la vie quotidienne (des) clients».


Ce qu’ils ont dit

«(Une des victimes) est lourdement handicapée, c’est une personne qui fantasme.»
«Je vis maintenant sur ma carte de crédit, je vais droit vers la faillite.»
-Mondher Tebourbi
«Fesses, fesses […] pas gentil, pas gentil le chauffeur de taxi.»
-Une victime, en montrant là où Tebourbi l’aurait touchée
«On dirait que c’est plus une voie de fait qu’un geste sexuel.»
-Me Rodolph Bourgeois, de la défense, en enquête préliminaire
«Les deux victimes sont adultes, mais elles souffrent de déficience intellectuelle.»
-Me Rachelle Pitre de la Couronne, en enquête préliminaire
«L’analyse des informations […] n’apporte aucun élément nouveau permettant d’établir que votre dossier judiciaire est compatible avec l’exercice du métier de chauffeur de taxi.»
-La SAAQ, dans une lettre à Mondher Tebourbi

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