Les chauffeurs de taxi se disent négligés

Le chauffeur Pierre Richard-Descollines croit que la sécurité des chauffeurs de taxi n’est pas un sujet qui est pris au sérieux.

Les chauffeurs de taxi de Montréal-Nord sont exaspérés par la lenteur du processus pour améliorer leur sécurité, entrepris à la suite du meurtre de leur confrère Ziad Bouzid en novembre dernier.

« On a beaucoup parlé de notre sécurité quand c’est arrivé, mais maintenant on n’en parle plus du tout et il n’y a rien qui a été fait », s’inquiète le chauffeur Pierre Richard-Descollines.

En attendant que les choses changent, plusieurs chauffeurs ont changé leurs habitudes et sont plus prudents. La nuit, certains refusent même de se rendre dans des endroits plus isolés par crainte de se faire agresser.

Surveillance vidéo

Il faut dire que la plupart des chauffeurs rencontrés par le Guide de Montréal-Nord ont déjà subi un vol à main armée.

Un soir qu’il conduisait deux hommes dans un endroit isolé, Clément Bernard a senti quelque chose de froid sur sa tempe.

« Il y en a un qui a collé un pistolet dans mon oreille et l’autre m’a demandé mon argent, ma montre et mon cellulaire », raconte-t-il.

Comme il l’avait appris dans sa formation à l’école du taxi, le chauffeur a obéi. Il croit d’ailleurs que la plupart des agressions sont le résultat de la témérité des chauffeurs.

Depuis l’incident, M. Bernard est plus prudent. Avec ses 12 ans d’expérience, il a même développé un sixième sens pour identifier les voyous.

Selon lui, les voleurs violents sont beaucoup trop concentrés sur leur crime pour discuter, alors qu’au contraire, ceux qui se sauvent sans payer bavardent beaucoup.

« Quand j’ai un doute, je leur demande s’ils ont de l’argent avant de partir », explique-t-il.

Lorsqu’il a un problème, M. Bernard estime que les policiers répondent rapidement à ses appels de détresse. Il voit tout de même d’un bon œil l’ajout de dispositifs de sécurité.

« La caméra est la meilleure mesure de protection », croit-il.

Vitre blindée

Contrairement à son collègue, Exuma Renel croit que les caméras ne régleront rien.

« Les gens qui vont vouloir voler vont s’arranger pour ne pas être vus. Ils vont nous attaquer de l’extérieur », explique le chauffeur d’expérience qui s’est déjà fait agresser en plein jour.

D’autres chauffeurs font remarquer que même si la caméra peut être bien pratique pour aider les policiers à retrouver un suspect, elle ne permet pas au chauffeur de se protéger.

« La meilleure chose serait d’installer une vitre blindée entre le client et le chauffeur », estime M. Renel.

Il raconte qu’après s’être fait agresser, l’un de ses collègues s’était d’ailleurs rendu à Boston pour faire installer une vitre dans son véhicule.

Signal GPS

Depuis environ cinq ans, l’ensemble des taxis de Montréal est doté d’une alarme silencieuse. Actionné par le chauffeur, ce signe lumineux fait apparaître un petit « 911 » rouge sur le dôme du véhicule.

M. Renel croit que ce signal devrait être remplacé par un gyrophare afin d’attirer davantage l’attention.

Certaines compagnies de taxi ont équipé leurs véhicules de système GPS. En plus de faciliter la localisation des véhicules, cela permet d’envoyer automatiquement un signal de détresse aux policiers.

Cette mesure n’est pas suffisante selon le chauffeur Pierre Richard-Descollines.

« Le bouton 911 me rassure à 40 %, mais il faudrait que d’autres mesures concrètes soient mises en place », explique-t-il. Seul chauffeur rencontré par le Guide à ne pas avoir été agressé, M. Richard-Descollines est dans l’industrie depuis à peine six mois.

Inquiétudes

Selon les témoignages recueillis, les chauffeurs de Montréal-Nord ne s’estiment pas plus à risques que les autres.

Même s’ils se disent préoccupés par ces agressions, ils ne travaillent pas avec la peur au ventre.

« Peu importe le métier qu’on fait dans la vie, il y a toujours de l’insécurité », conclut M. Bernard.

Source : Le Guide de Montréal-Nord

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