Des milliers de taxis imposent des frais illégaux de 1 $ à leurs clients

Michel Sénéchal, de Taxi Diamond, n’ajoute plus de frais d’utilisation de carte de débit depuis quelques semaines.

Plusieurs chauffeurs de taxi ajoutent encore des frais de 1 $ pour chaque course payée par carte de débit malgré l’avis des autorités interdisant cette pratique.

Le compteur du taxi a beau afficher 21,50 $, c’est 22,50 $ qu’exige souvent le chauffeur si le client paie par carte de débit.

«C’est pour les frais de transaction», dit-il. Et le client paie le plus souvent sans se questionner, trop habitué par tous ces frais, taxes, suppléments, contributions et extras qui s’ajoutent au prix du billet d’avion, des pneus, du téléviseur, de l’essence, et quoi encore.

Or, dans le cas des frais de taxi, c’est illégal. Le règlement provincial interdit d’ajouter ce type de frais. Pourtant, de grosses entreprises comme Taxi Coop Montréal (325 véhicules), Taxi Champlain (400) et Taxi Hochelaga (plus de 1000) imposent 1 $ pour chaque course réglée avec la carte de débit.

Un petit dollar, c’est peu. Mais quand on les additionne, on constate que ces trois entreprises soutirent environ 100 000 $ chaque mois des poches des consommateurs montréalais, selon les données recueillies par Le Journal. Et on ne calcule pas les extras des petites entreprises et des indépendants.

«Quand les machines sont entrées dans les taxis il y a une douzaine d’années, il en coûtait environ 30 $ par mois en frais de connexion, sans compter la machine et les frais d’environ 12 ¢ par transaction», explique Dominique Roy, président de Taxi Diamond.

Moins cher qu’avant

Mais les choses ont beaucoup évolué, et les coûts diminués. C’est pourquoi les 1000 propriétaires de permis de Taxi Diamond ne facturent plus ce supplément. Les derniers taxis ont été modifiés il y a deux semaines.

«Nous allons remplacer graduellement les machines par d’autres qui n’imposent pas ces frais», promet quant à lui Konstantinos Giannakoudis, président de Taxi Champlain.

«Je veux vérifier pourquoi ces frais sont encore là. Entre-temps, nos clients doivent savoir qu’ils n’ont pas à les payer», ajoute Sylvie Leblond, la nouvelle directrice générale de Taxi Coop Montréal.

Des clients, surpris par ces frais, se sont plutôt fait répondre par des chauffeurs qu’ils n’avaient pas le choix d’imposer ce montant.

Or, les clients ne devraient même pas à avoir à se battre pour s’éviter ces extras.

«Les seuls frais pouvant être ajoutés au montant d’une course sont les frais encourus pour traverser un pont, pour utiliser un traversier ou des frais de péage routier. Un chauffeur de taxi ne peut donc pas charger des frais pour paiement par carte de débit», écrivait en novembre 2013 la Commission des transports du Québec, responsable de l’application de la loi.

C’est la découverte récente de ces frais par le Bureau du taxi et du remorquage de Montréal qui est à l’origine de cette mise au point. «Le Bureau prévoit une amende de 125 $ pour l’ajout de frais», dit Aref Salem, élu responsable des transports à la Ville.

L’envers de la médaille, c’est que le taxi ne peut faire comme le commerce de détail et hausser son prix en fonction de ses dépenses.

La solution au problème? «Augmenter les tarifs de taxi», répond Dominique Roy.

Une chose possible, mais seulement à l’automne prochain, moment où la Commission évalue la pertinence de hausser les tarifs.

Source : Journal de Montréal

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