Uber: le projet pilote n’a rien réglé

(Québec) Le 7 septembre prochain, cela fera exactement un an que le gouvernement de Philippe Couillard a conclu une entente avec Uber pour mettre sur pied un projet pilote. À l’époque, le gouvernement s’était vanté d’avoir conclu une entente fiscale avec Uber.

Plusieurs d’entre nous l’ont oublié, mais cette entente excluait tout l’argent qu’Uber avait amassé illégalement pendant près de deux ans, avant l’entrée en vigueur de son projet pilote. Uber doit donc environ 25 millions $ au trésor public en taxes impayées, sans parler des millions envoyés dans les paradis fiscaux. Un an plus tard, le pdg de Revenu Québec nous confirme que l’enquête sur Uber est toujours en cours. Rien n’est réglé, mais le projet pilote devra bientôt être renouvelé ou abandonné, à sa date anniversaire.

Comment se fait-il qu’une entreprise qui refuse de rembourser l’argent qu’elle a volé dans les poches des contribuables québécois obtienne le privilège d’un projet pilote ? Comment se fait-il qu’un contribuable qui ne paie pas entièrement chaque dollar dû à l’impôt soit sanctionné rapidement et fermement, mais que pour une multinationale, on lui accorde des privilèges en attendant qu’elle nous paye? Y a-t-il deux classes de citoyens au Québec, les citoyens ordinaires et les bandits à cravate, envers qui l’État serait d’une clémence déplacée? Nous connaissons tous des histoires d’individus ou d’entreprises acculés à la faillite par Revenu Québec et sa rigueur parfois monstrueuse. Peut-être que cette rigueur ne s’applique qu’aux Québécois moyens en excluant ceux qui ont vraiment les moyens de payer.

Un autre élément qui est moins connu est que Revenu Québec règle généralement ce type de dossier pour une fraction de la somme totale, entre 30 et 50 %. Cela signifie qu’après avoir volé l’État, contesté les lois du Québec à chaque occasion, encaissé l’argent des Québécois et les intérêts sur ces sommes pendant deux ans, mis à mal l’industrie du taxi et obtenu l’équivalent de 1500 permis de taxi pour une valeur totale de 300 millions $, Uber va recevoir un autre cadeau de 15 millions $ du gouvernement Couillard. Cela constitue ni plus ni moins une invitation à frauder pour les multinationales, pendant que les petits travailleurs se font siphonner jusqu’au dernier cent.

Le projet pilote n’a absolument rien réglé, ni l’impôt, ni la sécurité des passagers, ni la cohabitation avec l’industrie du taxi. Rien, si ce n’est permettre à Uber d’envoyer des millions de dollars dans les paradis fiscaux.

C’est pourquoi les intermédiaires de taxi de Québec demandent ici formellement au premier ministre Couillard un nouveau projet pilote. Nous entendons par projet pilote un congé de taxes et d’impôt de deux ans pour tous les travailleurs du Québec. Au terme de ce congé, nous contesterons les demandes de Revenu Québec jusqu’à ce que vous acceptiez entre 30 et 50 % de la somme totale.

Vous avez promis l’équité, monsieur Couillard. Ça, ça nous semblerait un début d’équité.

Abdallah Homsyporte-parole du Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec

Source : lapresse.ca

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