Chauffeurs de taxi en danger?

Attaque armée, fuite, agressivité, les chauffeurs de taxi vivent parfois un quotidien difficile, particulièrement la nuit. Ces travailleurs autonomes se mobilisent pour améliorer leur sécurité. Durant le prochain mois, ils présenteront un mémoire sur le sujet lors d’une consultation publique.

Le meurtre du chauffeur Ziad Bouzid, atteint de projectiles en novembre dernier, a énormément ébranlé la communauté de taxi. Le maire Denis Coderre a mandaté le Bureau du taxi de Montréal pour tenir une commission sur la sécurité du service de transport des taxis.

«Un mort est un mort de trop, souligne Aref Salem, président du conseil d’administration. Pour l’instant, les caméras vidéo sont interdites. On souhaite une modification, en définissant comment encadrer son usage. Une caméra peut certainement empêcher des agressions, tout en fournissant des pièces à conviction pour une enquête.»

En plus des caméras vidéo, le Bureau du taxi souhaite imposer aux chauffeurs le GPS, le bouton d’urgence et le paiement par machine Interac afin de diminuer les risques d’agressions.

Une caméra controversée

Le niveau de sécurité est préoccupant pour les chauffeurs de LaSalle qui craignent pour leur bien-être, particulièrement la nuit.

Mustafa Tazi refuse de travailler la nuit pour des questions de sécurité. «Déjà que le jour c’est risqué, la nuit c’est 1000 fois pire! Je ne suis pas convaincu de l’efficacité de la caméra. Si quelqu’un veut commettre un acte criminel, il va le faire. Je suis chanceux, il ne m’est jamais rien arrivé, mais je connais plusieurs gens qui ont été victimes d’agression.»

Salah Bonsard a été agressé à deux reprises. Il croit pourtant que la caméra serait nécessaire la nuit. Il rencontre régulièrement des passagers intoxiqués et imprévisibles. «Ça vaut le coût! En plus des petites sauvettes, on peut être confronté à des délinquants et avoir des gros problèmes», dit celui qui se méfie des groupes de jeunes.

Geoffrey, posté à LaSalle, questionne la légitimité d’enregistrer ce qui se passe dans son taxi. «Oui, on fait le métier le plus dangereux au monde, mais Montréal ce n’est pas New York! La nuit, les gens se laissent aller, des filles disent des choses salaces, des gars sont avec une autre que leurs conjointes. Les clients sont notrebusiness, il faut respecter leur vie privée.»

Non à la vitre de séparation

Les trois chauffeurs ne veulent pas d’une vitre de séparation qui nuirait à la relation avec le client. D’ailleurs, le Bureau du taxi a démontré par une étude de quatre villes américaines utilisant la vitre de protection que des homicides ont quand même lieu.

La consultation publique se tient jusqu’au 16 mai. Le dépôt des recommandations se fera en juin. Le Bureau du taxi espère un changement à la réglementation en août. Il propose de payer l’installation des caméras par l’intégration de la publicité à l’intérieur du véhicule, suivant le modèle de la STM.

(tiré du Bureau du taxi de Montréal)

  • Seulement 32% des chauffeurs jugent leur travail sécuritaire la nuit
  • 75% des vols qualifiés surviennent la nuit
  • 180 chauffeurs de taxi sont victimes de vol qualifié chaque année
  • Un vol qualifié surviendrait sur 150 000 courses
  • Les refus de payer surviennent quelques fois par année
  • Les méfaits sont rarement signalés à la police

Source : Le Messager LaSalle

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