Taxis en péril

© (Photo TC Media – Sylvain Gagnon)
Le taxi semble avoir perdu sa vocation de transport en commun, égarant dans le même temps sa raison d’être.

Comment veut-on protéger les taxis? On parle de caméras, de GPS, de paiement par cartes bancaires, de vitre de séparation entre le client et le conducteur. Des solutions techniques qui permettraient de protéger l’intégrité physique des chauffeurs de taxis. Dans le même temps se pose le problème de survie économique d’une industrie qui a du mal à s’adapter à son époque et pour laquelle les urgences sont finalement multiples.

La sécurité des taxis résumée en quelques dispositions techniques ne satisfait pas Joseph Naufel, directeur gérant de la Co-op taxi de l’Est. Cette compagnie a des bureaux à Ahuntsic, sur le boulevard Henri-Bourassa. « On a entendu des propositions, mais on n’a pas vu ces mêmes recommandations accompagnées de statistiques ou d’études », souligne-t-il. Même s’il se dit ouvert à tout débat à ce sujet, il rappelle que ces mêmes solutions, à quelques détails près, ont déjà été mises sur la table en 1997. Pour lui : « Ces suggestions posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. »

« On ne veut pas faire peur aux clients », relève Dominique Roy, Président directeur général de la compagnie Taxi Diamond. Celle-ci a repris Taxi S.O.S qui était située rue de Lille, entre les rues Sauvé et Fleury Est.

Mais comme l’évoquent clairement nos deux interlocuteurs, le taxi est par sa nature mobile et les problèmes qui se posent à Ahuntsic, se posent tout aussi bien ailleurs.

Pour les deux responsables de sociétés de taxis, 90 à 95% des véhicules qui roulent pour des compagnies sont équipés de machines pour encaisser par carte débit ou crédit.

« La caméra est effectivement très dissuasive selon ce qu’on en a vu aux États-Unis », constate M. Roy.

Il partage cette approche comparative avec M. Naufel. « Regardons toutes les solutions déjà appliquées ailleurs », remarque-t-il tout en citant Toronto, Ottawa ou New York.

Urgences diverses

Toutefois, quels que soient les moyens choisis, les deux responsables remarquent l’urgence de trouver le financement adéquat.

« Il faut comprendre que dans cette industrie, on travaille de longues heures pour de petits revenus », note M. Roy. Les solutions proposées, comme la publicité dans les véhicules pour payer les équipements, ne semblent pas susciter l’enthousiasme.

Au-delà des arrangements financiers éventuels, les deux interlocuteurs mettent en évidence l’aspect légal des moyens à utiliser.

« Il faut une réglementation qui définisse exactement ce qui doit se trouver dans un taxi, que ce soit une caméra ou autre chose », observe M. Naufel. « Il faut absolument déterminer qui aura accès à ces images et quand », commente M. Roy.

Tous deux préconisent l’accès restreint aux seuls services de police et uniquement en cas d’incident.

Dans un contexte économique de plus en plus difficile, Dominique Roy croit que l’occasion est bonne pour se pencher autant sur les questions de sécurité que de survie de l’industrie.

« Il faut s’adapter au 21e siècle et repositionner le taxi comme moyen de transport collectif, avise-t-il. Parfois, je vois des bus quasiment vides rouler sur certaines lignes sur le boulevard Henri-Bourassa. Probablement que les taxis ont un rôle à jouer à certaines heures et pour certaines destinations. »

Source : Courier Ahuntsic & Bordeaux-CartierVille

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